D'AUTRES DISCUSSIONS AVEC LES CHRÉTIENS

Un jour au cours d'une promenade avec quelques camarades de notre école, nous sommes arrivés à Dhobi Talab. Là, nous avons vu des prédicateurs chrétiens parler aux gens. Immédiatement mon hostilité du passé s'est réveillée en pensant à mes expériences vécues à Delhi. J'avançais vers les prédicateurs quand un camarade m'a arrêté par ces paroles: "Imam Sahib, ne t'occupe pas de ces gens, car discuter avec eux serait du temps perdu. Ces pauvres camarades ne savent pas comment mener une discussion, ni les règles d'un débat. Ils sont payés pour faire ce travail et ils sont en train de remplir leur devoir, donc ce n'est pas la peine de discuter avec eux." J'ai répondu:"Je sais tout sur ces gens. Ils ne connaissent ni l'art ni les règles du débat certes, mais ils savent certainement égarer les gens en leur enseignant la fausseté. Il est de la responsabilité de tout bon musulman de sauver ses frères mal avisés de leur machination." Je me suis avancé et j'ai commencé à leur lancer un lot d'objections. Ils ripostaient aussi par des rafales d'objections à mes objections.

Finalement la discussion a été abrégée par manque de temps. La nouvelle de notre rencontre s'est vite répandue parmi les étudiants de l'école. Ils ont été eux aussi animés du zèle de s'engager dans la discussion. Nous allions régulièrement deux fois par semaine discuter avec les chrétiens. Éventuellement deux missionnaires nous ont invités chez eux avec l'accord de leur chef catéchiste, Mr Joseph Bihari. Pendant que nous y étions, ils nous ont suggéré l'ouverture d'une salle de lecture près de notre école si nous voulions sincèrement découvrir la vérité sur le Christianisme. Ceci pourrait nous permettre de continuer notre investigation au moins une fois par semaine puisque Dhobi Talab était trop éloigné. J'ai accepté avec reconnaissance cette offre. Lorsque la salle de lecture était ouverte, nous y tenions notre réunion selon un programme défini. Ayant constaté que les étudiants et mes autres camarades ne savaient rien sur le Christianisme et n'étaient pas expérimentés dans les débats, j'ai loué une autre maison sur le conseil de l'imam Abbas Khan Sahib. Nous avons formé un groupe appelé: "Nadwatul Mutakallimin".Le but de ce groupe était de préparer ou former des controversistes contre toute religion non islamique et en particulier le Christianisme.

Quand mon professeur a constaté que j'étais toujours préoccupé par les débats et que je ne m'intéressais à rien d'autre, il est venu dans ma chambre un jour après la prière du soir. A ce moment je lisais l'Injil (le Nouveau Testament), et il m'a demandé ce que je lisais. Je lui ai répondu: "l'Injil". Avec colère, il m'a repris en ces termes: "Je crains que tu ne deviennes chrétien."J'ai été très choqué par sa réplique. Quoique je ne voulais pas lui manquer de respect, j'ai été obligé de lui répondre: "Pourquoi deviendrais-je chrétien? La simple lecture de l'Injil rend-elle l'homme chrétien? Je lis pour mieux combattre et détruire le Christianisme jusqu'à ses racines et non pour devenir chrétien. Tu devrais plutôt m'encourager au lieu de me faire des reproches." Il m'a répondu:" Je dis cela parce que j'ai appris que celui qui lit l'Injil devient chrétien. Ne te souviens-tu pas de ce qu'a dit un certain poète? Quand un fidèle musulman lit l'Injil son coeur se détourne de l'Islam." "Cette information n'est pas juste," ai-je répondu.

Après m'avoir donné d'autres conseils, l'imam est retourné dans sa chambre.

VOYAGE ALLER RETOUR EN ARABIE

Ce conflit religieux s'est poursuivi pendant quelques années quand, soudain, j'ai eu l'ardent désir de faire le pèlerinage à La Mecque. Immédiatement, je me suis préparé pour ce voyage, et je me suis embarqué sur le bateau Shah-i-Nurpour Jeddah, et de là, je suis allé à La Mecque.

Le jour du pèlerinage, j'ai revêtu le vêtement de circonstance pour me rendre à Arafat. C'est ce jour-là que j'ai découvert quelque chose de merveilleux: les riches et les pauvres, les hauts-placés et les classes inférieures, tous portaient le même vêtement blanc. C'était comme si tous les morts étaient sortis du tombeau pour rendre compte à Dieu de leurs oeuvres. Cette vue m'a fait monter les larmes aux yeux. Mais en même temps, une pensée m'a traversé l'esprit: Si l'Islam n'est pas la seule religion vraie, qu'en sera-t-il de moi au jour de la résurrection? C'est alors que j'ai prié:

"O Dieu, montre-moi la vraie religion, la bonne voie. Si l'Islam est la vraie religion, que j'y reste fidèle. Fais-moi la grâce de réduire au silence toute opposition. Si le Christianisme est la vraie religion, révèle-moi la vérité. Amen."

Après une courte visite à Médine, je suis revenu à Bombay. Pendant mon absence, le Nadwatul Mutakallimin avait cessé de tenir ses réunions. J'ai alors organisé une autre société. J'en suis devenu le président et Abdur Rauf, le secrétaire-général. C'est chez lui que nous nous réunissions. Une de nos règles était qu'une fois par semaine, on invitait un non-musulman à prendre la parole, et l'un de nos membres pouvait lancer une controverse. Munshi Mansur Masih venait ainsi régulièrement au nom des chrétiens. D'autres venaient prendre la parole pour d'autres religions.

UN DÉNOUEMENT VITAL

Un jour, Munshi Mansur Masih a déclaré avec une grande conviction qu'il n'y avait pas de salut dans l'Islam. Les membres de notre société m'ont demandé de lui répondre. J'ai essayé de toutes mes forces de prouver qu'il y a un salut assuré et parfait dans l'Islam. L'auditoire a apprécié mes arguments. Et pourtant, je savais bien qu'au fond de moi-même, je n'avais pas la certitude de ce que j'avançais. Même en parlant, j'ai du admettre la faiblesse de ma position. Bien que je me manifestais avec force et éclat, la voix de mon interlocuteur criait dans mon âme avec une force indescriptible.

Il était presque onze heures du soir lorsque cette discussion a pris fin. Je suis rentré chez moi et me suis mis à réfléchir à tout ce que Munshi Mansur Masih avait dit. Plus je réfléchissais, plus il me semblait évident que le salut est le souffle même de la religion et son fondement indispensable. Sans lui, une religion n'est pas une religion.

De plus, je pensais que tout le monde était bien d'accord quel'homme est un paquet d'oublis, de désobéissances, de péchés. Sa vie n'est jamais assez pure pour être libérée des marques du péché. Le péché est devenu la seconde nature de l'homme. La question est de savoir comment on peut échapper aux comptes que l'on doit rendre, et au châtiment. Comment être sauvé? Que dit l'Islam à ce sujet? Quel est le message du Christianisme? Mon devoir était d'étudier ce sujet si important avec honnêteté et sans préjugés. Si je découvrais que le salut peut s'obtenir par l'Islam, je remercierais Dieu! Combien mes yeux brilleraient, combien mon coeur serait dans la joie! Sinon, je devais chercher cette religion qui offre un plan satisfaisant pour le salut. Devant cette décision à prendre, je suis tombé à genoux dans la prière devant Dieu. J'ai pleuré amèrement, en admettant que désormais je ne lirais pas la Bible comme je l'avais fait jusqu'à présent. Je la lirais afin de découvrir, moi, pauvre pécheur, le chemin du salut.

 

                           

Chapitre Precedent        Chapitre Suivant

 

Retour au menu principal