Dans les chapitres I et II de la deuxième section nous avons examiné ce que le Coran et le Hadith déclarent à propos du tahrif, ou altération délibérée de l'Evangile. Nous n'y avons pas découvert la moindre accusation dans ce sens. Les deux écrits confirment qu'il y avait bien une Torah et un Evangile authentiques tous deux au temps de Muhammad, à La Mecque comme à Médine, et durant tout le premier siècle de l'Hégire. Dans les parties 1 à 6 de ce chapitre nous allons aborder la
même question sous un angle différent. Nous allons comparer la
formation du texte du Coran à celle de l'Evangile pour voir si
les altérations prétendument découvertes dans le texte ont
bien pu se produire, et si oui, quand et où. Nous allons entamer cette discussion en inversant les rôles. Supposons que j'aie porté contre le Coran la même accusation que celle portée contre l'Evangile. Je vais un instant prétendre que, puisque le Coran n'affirme pas ce qu'à mon avis il devrait dire, c'est que vous - mes lecteurs musulmans - ou vos ancêtres, vous avez falsifié le Coran. Que répondriez-vous ? Comment vous y pendriez-vous pour réfuter cette accusation '? Vous diriez, en premier lieu, que le Coran a été donné par Dieu. A ma question " comment le savez-vous ?" vous répondriez en commençant par me dire comment ce livre a été formé historiquement. Les premières étapes de la formation du CoranD'après ceux avec lesquels j'ai abordé ce sujet, Muhammad a reçu les premiers versets du Coran treize ou quatorze ans avant l'Hégire. Au cours des treize années suivantes, donc au moment de l'Hégire, les deux tiers du Coran avaient déjà été révélés. Les textes étaient écrits sur des omoplates d'animaux domestiques, sur des morceaux de cuir, sur des pierres blanches, sur tout support à portée de la main, puis ils étaient appris par coeur. A la question combien de croyants avaient fui avec Muhammad de La Mecque à Médine, lors de l'Hégire, certains m'ont répondu "75", d'autres "150". Le Coran lui-même ne donne aucune indication chiffrée. Toutefois, la Sourate 8, dite Sourate des Dépouilles (AI-Anfal), de l'an 2 de l'Hégire, donne au verset 26 une petite précision : " Et rappelez-vous quand vous étiez peu nombreux, opprimés sur la terre craignant de vous faire enlever par des gens ! " Dans sa traduction anglaise du Coran, J.M. Rodwell partage le même point de vue : " Le nombre de ceux qui émigrèrent en même temps que Muhammad s'élève à environ 150 personnes. "(1) Il y avait certainement en plus des croyants qui, à Médine, invitèrent Muhammad à se joindre à eux; par ailleurs, il y avait aussi sans doute d'autres personnes, essentiellement des esclaves, qui ne purent quitter La Mecque en compagnie de Muhammad. Pour la suite du raisonnement, nous admettrons qu'il y eut donc 150 croyants sûrs et fiables prêts à abandonner leurs foyers à cause de leur foi. Avec cette donnée présente à l'esprit, posons maintenant la question suivante. Comment savez-vous que le Coran a été fidèlement transmis, alors qu'il n'y avait que 150 croyants réellement consacrés ? Après tout, il se pourrait que quelques morceaux de parchemins se soient perdus, ou qu'une omoplate sur laquelle étaient écrites deux Sourates, soit tombée d'un chameau. Ne pensez pas que je plaisante. La question est de la plus haute importance. COMMENT SAVEZ-VOUS QU'IL N'Y A PAS EU ALTERATION ? Je pressens votre réponse. " Ils avaient appris le Coran par coeur; et certains des 150 croyants étaient présents lorsque Muhammad répéta les Sourates. Et Muhammad était encore là pour corriger les éventuels changements. " Je ne prétends pas le contraire, mais je voudrais précisément que vous ayez conscience d'une chose importante. Vous ne pouvez pas prouver votre affirmation. Vous ne possédez pas les Sourates originales écrites sur les omoplates. Mais vous le CROYEZ. C'est ce que j'appelle UN POSTULAT DE BASE. De l'Hégire à la mort de MuhammadAu cours de la seconde ou de la troisième année de l'Hégire eut lieu la bataille de Badr. 300 soldats musulmans triomphèrent d'une armée beaucoup plus importante venue de La Mecque. Dans sa traduction du Coran(2) Yusuf Ali déclare, en note de la Sourate 3.13 : " Les forces musulmanes ne comptaient que 313 hommes, pour la plupart sans armes... L'armée mecquoise comprenait plus de mille hommes, tous bien armés et bien équipés." Si nous admettons que chacun de ces combattants avait une femme et quelques enfants, nous pouvons raisonnablement fixer à 1500 le nombre de musulmans à cette date. Même s'il y en avait davantage, cela ne changerait pas grand chose à notre argumentation. En l'an 6 de l'Hégire, Muhammad se dirigea vers La Mecque pour accomplir son pèlerinage. Les Quraychites virent à sa rencontre à Hudaibiya. Une trève fut conclue. Lors de ce voyage, il y avait 1400 hommes avec Muhammad. Cela représente donc, en admettant les mêmes critères de composition familiale que tout à l'heure, une population musulmane de 6 à 8000 personnes. Muhammad s'empara de La Mecque en l'an 8 de l'Hégire. Au cours des deux années suivantes le nombre des musulmans continua de croître, si bien qu'à la mort de Muhammad, en l'an 10 de l'Hégire, on pouvait compter les musulmans par dizaines de milliers. Hamidullah affirme que lors du dernier pèlerinage, Muhammad s'était adressé à 140 000 Musulmans.(3) C'est pendant cette période des dix premières années de l'Hégire que le Coran fut complété. Alors je repose la même question : Comment savez-vous qu'il a été transmis intégralement au cours de ces dix années ? Des textes ont pu se perdre ! COMMENT SAVEZ-VOUS QU'IL N'Y A PAS EU ALTERATION ? Vous m'opposerez la même réponse : " Ils avaient appris le Coran par coeur et Muhammad était encore en vie. Même après sa mort, plusieurs de ceux qui avaient combattu à Badr - peut-être 200 ou 250 personnes étaient encore en vie. Ils étaient des témoins oculaires de cette bataille et des paroles de Muhammad. Je ne nierai pas ce fait, mais j'attire à nouveau votre attention sur la même vérité : Vous ne possédez pas un exemplaire du Coran de l'an 10 de l'Hégire. Vous CROYEZ que le Coran en votre possession se compose des mêmes Sourates que les musulmans apprenaient par coeur dans les premières années de leur histoire. Vous CROYEZ que les hadiths disent la vérité lorsqu'ils vous parlent des origines du Coran, et de la bataille de Badr, et du traité de Hudaibiya. Le premier recueil du CoranIl faut maintenant que nous analysions comment les Sourates et les versets épars ont été rassemblés en un seul livre, le Coran. A1 Bukhari déclare qu'un an environ après la mort de Muhammad, le Coran fut rassemblé en un seul recueil par Zaïd ibn Thabit, à la demande du calife Abou Bakr. Voici comment A1 Bukhari rapporte le récit de Zaïd (4): Lors du massacre de la population d'Al Yamamah, Abou Bakr me fit chercher et voici, Omar ibn Khattab était avec moi. Abou Bakr dit : " En vérité, Omar est venu vers moi et m'a déclaré : 'Vraiment, le massacre perpétré à l'époque d'A1 Yamamah a causé des pertes cruelles parmi les Narrateurs du Coran et je crains vraiment qu'il y ait eu des ravages dans les rangs des Narrateurs ; c'est pourquoi une bonne partie de la matière du Livre est en train de se perdre. Aussi j'estime que tu devrais donner des ordres pour rassembler le contenu du Coran.' (Abou Bakr poursuivit) " Je dit à Omar : 'Comment pourrais je faire ce que l'Envoyé de Dieu n'a pas fait?' Alors Omar reprit la parole : 'Par Dieu, c'est une bonne chose !' Et Omar ne cessa de me répéter cela et fit pression sur moi, jusqu'à ce que Dieu ouvrît mon coeur à ce projet et que j'aie partagé l'idée de Omar. " (Ensuite) Abou Bakr me dit : " En vérité, tu es un jeune homme intelligent. Nous avons pleine confiance en toi, car tu as été habitué à écrire les révélations pour l'Envoyé de Dieu. C'est pourquoi, trie les différents chapitres et versets du Coran et rassemble-les. " Et par Dieu, s'il avait ordonné à l'une des montagnes de se poser sur ma tête, je n'en aurais pas éprouvé plus de poids que représentait pour moi l'ordre de rassembler les morceaux du Coran. Je dis : Comment ferez-vous ce que n'a pas fait l'Envoyé de Dieu ? " Il dit : " Par Dieu, c'est une bonne chose. " En conséquence Abou Bakr ne cessa de me harceler jusqu'à ce que Dieu ouvrît mon coeur pour accepter les paroles qu'Omar avait mises dans le coeur d'Abou Bakr. En conséquence, je me mis à rechercher le Coran. Je rassemblai les textes écrits sur les nervures médianes de palmiers, sur des pierres blanches plates ou conservés dans le coeur des hommes, jusqu'à ce que j'aie trouvé la fin de la Sourate Al-Tauba (9.128-129) avec Abu Khuzaimah le Ansar. Ce n'est qu'avec lui que je trouvai ce texte : " Un messager, très certainement est venu de vous ", jusqu'à la conclusion de Bara'ah. Les feuilles restèrent auprès de Abou Bakr jusqu'au moment où Dieu le fit mourir ; ensuite les textes furent gardés par Omar pendant sa vie, puis par Hafsa, la fille d'Omar. Dans l'introduction à sa traduction française du Coran Hamidullah fournit quantité de détails intéressants puisés dans les hadiths et concernant le processus de formation du recueil coranique. Il cite en particulier cette déclaration de Zaïd : " Si (au lieu de 2) il y avait eu 3 versets (à la fin de la Sourate Al-Tauba), je les aurais constitués en Sourate indépendante. " Hamidullah dit encore : " Les sources sont unanimes pour dire qu'Abou Bakr ordonna à Zaïd de ne point se fier uniquement à la mémoire, mais de chercher pour chaque verset deux témoins, copies écrites chez deux personnes. "(5) Pour autant que l'on sache, c'était là le seul exemplaire officiel du Coran avant qu'Uthman ne devienne calife. I1 y avait bien d'autres hommes, tels que Ubai b. Ka`b à Médine et Ibn Mas`ud à Kufa en Iraq qui avaient fait leur propre recueil presque complet du Coran, mais la plupart des hommes et des femmes étaient tributaires de ce qui avait été appris par coeur. On peut donc affirmer que pendant 40 ans, de l'an 13 avant l'Hégire, date à laquelle la première révélation fut accordée jusqu'à l'an 27 de l'Hégire, date à laquelle Uthman procéda à sa recension officielle, la transmission du Coran se faisait presque uniquement oralement. Nous posons à nouveau la question fondamentale : Comment savez vous que le Coran est demeuré sans altération pendant toutes ces années où sa transmission reposait essentiellement sur le témoignage oral ? Après tout, quelqu'un aurait pu omettre quelque vérité ? Quelques versets auraient pu être dévorés par un animal ! COMMENT SAVEZ-VOUS QU'IL N'A PAS ETE MODIFIE ? Il existe des hadiths qui abordent ces questions. Sur l'autorité d'Omar lui-même, Muslim le grand collectionneur du Hadith, cite les paroles de Omar : " En vérité, Dieu a envoyé Muhammad avec la Vérité, et Il lui a communiqué le Livre d'en haut. En conséquence, le verset qui traite de la lapidation faisait partie de ce que Dieu Très-Haut avait envoyé. L'envoyé de Dieu a lapidé, et, à sa suite, nous avons lapidé, et dans le Livre de Dieu, la lapidation des adultères est un devoir. " Mishkat, Kitab a1 Hudüd, p. 301. Ailleurs, Ibn Majah rapporte les paroles de Aisha : " Le verset relatif à la lapidation et à l'allaitement (ch. IX, 8a) est venu et sa feuille se trouvait sous mon lit : aussi, quand l'envoyé de Dieu mourut, et que nous fûmes occupés par les détails entourant sa mort, un animal domestique entra et dévora la feuille. " Hamidullah cite Omar : " Si je ne craignais pas l'accusation d'avoir ajouté quoi que ce soit au Coran, j'y aurais écrit le verset sur la lapidation des adultères. "(6) Vous me répondrez sans doute : " Je ne sais pas quelle valeur attacher à ces hadiths, en particulier celui de Aisha ; mais même s'ils étaient authentiques, aucune altération importante n'aurait pu se glisser dans la formation du Coran avant l'an 27 de l'Hégire. S'il pouvait arriver qu'un musulman oublie telle chose, d'autres étaient là pour les rappeler. De plus, plusieurs des Ansâr et des Compagnons étaient encore en vie pour corriger les éventuelles erreurs. L'expansion de l'Islam hors de l'ArabieVous me diriez probablement aussi que pendant ces 27 premières années de l'Hégire, l'lslam s'était répandu dans plusieurs autres pays. En l'an 13 de l'Hégire eut lieu la prise de Damas et de toute la Syrie. L'année suivante les armées musulmanes avaient atteint la Perse. En l'an 19 de l'Hégire (ou 641 de notre ère) ce fut au tour de l'Egypte d'être occupée ; 25 ans après l'Hégire, le fùtuhat c'est-à-dire la guerre de conquête avait atteint l'Arménie, au nord de la Turquie moderne. Plusieurs des soldats et des administrateurs qui se rendirent dans ces pays avaient appris par coeur des portions entières du Coran et connaissaient bien les événements historiques relatifs à l'origine de ce Livre. Certains avaient même retenu, de mémoire, toutes les Sourates dont ils avaient connaissance. En guise de conclusion à notre réponse vous me diriez : " Il est impossible que dès l'an 27 de l'Hégire, quelqu'un ait pu altérer le contenu du Coran dont la connaissance s'était déjà répandue de l'Arabie en Turquie, au nord, et de l'Fgypte à la Perse, à l'est. " A nouveau, je partage votre point de vue, en vous faisant remarquer néanmoins que c'est CE QUE VOUS CROYEZ. Vous ne possédez pas cette copie du Coran rassemblée par Zaïd Ibn Thâbit, en l'an 12 de l'Hégire, " entre vos mains " (~~ ). II n'y a rien de faux ni d'illogique à croire ces choses. En étudiant comment l'Evangile s'est constitué et s'est répandu, nous nous apercevrons que ce sont les mêmes raisonnements et les mêmes actes de foi qui caractérisent notre démarche. Premières étapes du développement historique de l'Evangile (Injil) Dans cette section, nous allons examiner ce que les chrétiens savent de l'origine de l'Evangile. Mais auparavant, il nous faut préciser ce que recouvre le mot "évangile". Il traduit le mot grec euangelion qui signifie "BONNE NOUVELLE". Et bien que peu de personnes le sachent, le mot arabe Injil (~ ) est un mot d'emprunt dérivé de cette même racine grecque. Le grec euangelion est passé dans la langue populaire utilisée par les chrétiens au Proche-Orient et en Arabie au cours des premiers siècles de l'ère chrétienne et en vint à être prononcé Injil dans l'arabe courant des Quraychites, cette langue dans laquelle précisément le Coran fut donné. Quelle est cette nouvelle que Dieu nomme BONNE NOUVELLE ? C'est l'annonce de la mort sur la croix de Jésus le Messie pour procurer le pardon des péchés, un pardon accordé à celui qui croit que Jésus est le Sauveur qui a souffert. Plusieurs affirmations expriment la même vérité : "Il a versé son sang pour nous", "Il est notre sacrifice", "Il nous a rachetés", "Il a payé notre rançon", "Il est l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde" Jésus lui-même a enseigné cette vérité lorsqu'il a célébré la Pâque juive avec ses disciples. Matthieu raconte : "(Jésus) prit ensuite une coupe ; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna en disant : Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l'alliance qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés" (Matthieu 26.27-28). Nous désignerons par "A" la doctrine : Jésus est mort pour moi. Nous croyons que si Jésus put accomplir cela , c'est seulement parce que l'UNIQUE CREATEUR - Père, Fils et Saint-Esprit - fut unanime pour que le Fils - le Verbe Eternel ou Kalima (~~), Jésus le Messie, - vînt et accomplît cette oeuvre de rédemption du genre humain. Nous croyons cela parce que Jésus l'a enseigné. Quand il fut amené en jugement juste avant sa mort, "le souverain sacrificateur l'interrogea de nouveau et lui dit : Es-tu le Christ, le Fils du Dieu Béni ? Jésus répondit : Je le suis" (Marc 14.61-62). Ainsi, il déclara dans ses propres mots être le Fils de Dieu. Nous désignerons par "Doctrine B" cette vérité à laquelle nous croyons : Jésus est le Fils de Dieu. Il faut mettre ici les choses au clair. Nous ne croyons nullement que Dieu ait eu des relations avec une femme, une sahiba (~~ ), ou avec Marie. Nous souscrivons pleinement à l'affirmation du Coran, qui déclare, dans la Sourate 6.101, intitulée la Sourate des Bestiaux, et datant de la période mecquoise tardive : "Comment aurait-Il (Dieu) un enfant, quand Il n'a pas de compagne et que c'est Lui qui a tout crée et qu'Il se connaît à tout ?" Une telle pensée serait blasphématoire. Nous comprenons et croyons que la "Parole" ou kalima est de toute éternité en unité spirituelle avec le Père. La seule nouvelle réalité qui fut formée lors de son apparition sur terre, ce fut un corps, formé dans le sein de Marie. Les doctrines "A" et "B" constituent ce que j'appelle l'évangile oral. En examinant de près le développement historique de l'évangile nous allons nous intéresser à la transmission orale de la signification de cette doctrine ainsi qu'au processus qui conduit au texte écrit. Le mot "évangile" a encore un autre sens, dérivé du premier. Il désigne les récits de la vie de Jésus de sa mort et de sa résurrection. Sur le témoignage de ces écrits, nous savons que Jésus savait lire et écrire. "Il entra, selon la coutume, dans la synagogue le jour du sabbat. Il se leva pour faire la lecture..." (Luc 4.6). Mais Jésus n'écrivit pas lui-même l'Evangile. Quatre hommes différents furent conduits par le Saint-Esprit de Dieu pour consigner les faits de la vie terrestre de Jésus. A l'origine on désignait ces récits par "l'Evangile de Jésus-Christ selon Matthieu" ou "l'Evangile de Jésus-Christ selon Luc". Mais avec le temps l'habitude fut prise de parler des quatre Evangiles. On pourrait penser que chaque auteur avait écrit son propre Evangile. Mais il n'en était rien. Nous croyons que Jésus le Messie a apporté une seule "Bonne Nouvelle" : celle de la délivrance du péché. Elle constitue l'unique véritable Evangile. Enfin, il convient encore de mentionner ici un autre nom, celui du Nouveau Testament. Ce terme désigne l'ensemble des quatre récits de l'Evangile, sur la vie et l'enseignement de Jésus, ainsi que des lettres de conseils et de doctrine écrites par les disciples de Jésus à différents groupes de chrétiens. Le terme coranique d'Injil désigne manifestement quelque chose d'écrit, mais il est difficile de savoir s'il s'applique à l'ensemble des écrits des disciples de Jésus, c'est-à-dire au Nouveau Testament, ou s'il ne se limite qu'aux écrits de l'Evangile qui relatent la vie et l'oeuvre de Jésus. Revenons à la question de l'origine de l'Evangile écrit.
Nous affirmons, nous aussi qu'il a été donné par Dieu - que
des "hommes de Dieu consacrés furent conduits par le
Saint-Esprit" tandis qu'ils écrivaient. Si on nous demande
comment nous le savons, nous aussi, nous commencerions par
raconter comment s'est déroulée l'histoire. Les débuts de l'Evangile Les chrétiens savent que Jésus a commencé à prêcher l'évangile à l'âge de trente ans. C'est ce qui ressort du troisième chapitre de l'Evangile de Jésus-Christ selon Luc où il est écrit : " Jésus avait environ trente ans lorsqu'il commença son ministère" (Luc 2.23). La fixation des dates les plus reculées pose aux chrétiens les mêmes problèmes que la détermination chronologique exacte des événements qui ont marqué la vie de Muhammad avant l'Hégire. Les chrétiens étaient l'objet de la haine et de la persécution pendant les trois premiers siècles qui ont suivi l'Ascension du Christ. On comprend donc aisément que les autorités romaines n'aient pas conservé dans leurs archives les traces de leur histoire. I1 y a cependant dans l'Evangile deux faits qui permettent de fixer avec une certaine approximation la date de la naissance de Jésus. Le premier indice est la mention de Hérode le Grand comme roi lors de la naissance de Jésus (Matthieu 2. I), et le second, la précision que Pilate était déjà gouverneur quand Jésus se mit à prêcher (Luc 3.1, 23). L'histoire profane fixe à l'an 4 avant J.-C. la date de la mort d'Hérode et à l'an 26 celle où Pilate fut nommé gouverneur. Si Jésus naquit en 4 avant J.-C., peu avant la mort d'Hérode et commença son ministère à l'âge de trente ans, en l'an 26 de notre ère, peu après que Pilate vint à Jérusalem, alors les événements concordent ; nous admettons par conséquent la date de 26 de notre ère comme marquant le début du ministère de Jésus.(7) Jésus parcourut la Palestine en prêchant l'évangile, et beaucoup de gens l'entendirent. Il appelait ses auditeurs à le suivre. C'est ce que firent certains. Au bout de quelques mois, il choisit parmi ceux-ci 12 hommes pour une formation spéciale.(8) Ils furent appelés les douze disciples, ou les douze apôtres (c.-à-d. les "envoyés"), parce qu'après l'Ascension de Jésus, ils furent "envoyés" par Jésus pour prêcher la "bonne nouvelle". Le Coran les désigne du nom de al-hawariyun ( ~~ ) et, comme nous l'avons vu au paragraphe 2 du chapitre I de la deuxième section, il parle d'eux en termes élogieux, disant qu'ils étaient "inspirés" de croire en Dieu et en Jésus, et qu'ils s'éfforcèrent d'être les aides de Dieu. Ces hommes abandonnèrent tout pour suivre Jésus. Certains abandonnèrent la pêche ; Matthieu renonça à sa fonction de collecteur d'impôts. Pendant trois ans et demi environ, ces hommes accompagnèrent Jésus partout où il se rendait. Ils entendirent son enseignement. Ils virent ses miracles. Ils furent témoins de tout ce qu'il avait dit et accompli. D'après Papias (un homme qui rassembla les hadiths chrétiens et les écrivit entre 120 et 130 après J.-C.), "Matthieu rassembla les logia en langue hébraïque".(9) Ma conviction est que Matthieu commença déjà du vivant de Jésus, à rassembler ces logia ou paroles de Jésus. Cela n'empêche pas que plus tard, lui-même ou un autre, les aient ordonnées dans leur forme finale, comme Zaïd le fit pour le Coran. Ces hommes étaient présents quand Jésus retourna au ciel. En Actes 1.9, il est écrit : "Après avoir dit cela, il (Jésus) fut élevé pendant qu'ils le regardaient et une nuée le déroba à leurs yeux." Ensuite, les frères de Jésus, sa mère, ainsi que beaucoup de ceux qui avaient été les témoins de l'enseignement et des miracles de Jésus, se joignirent aux apôtres. Le récit se poursuit ainsi : "Alors ils retournèrent à Jérusalem... C'étaient Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélémie et Matthieu, Jacques, fils d'Alphée, Simon le zélote et Jude fils de Jacques(10). Tous d'un commun accord persévéraient dans la prière, avec les femmes, avec Marie, mère de Jésus, et avec ses frères. En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères- le nombre de personnes réunies était d'environ cent vingt - et dit..." (Actes 1.12-16a). De ce récit nous pouvons donc conclure que lors de l'Ascension de Jésus, après trois ans et demi de prédication, il y avait au moins 120 croyants affermis qui avaient abandonné leurs foyers à cause de leur foi. Autres témoins En plus des douze disciples il y avait des centaines de personnes qui avaient entendu les commandements de Jésus et vu les prodiges qu'il avait accomplis. Il nous est rapporté qu'une fois, après qu'il eut prêché toute la journée à une foule de plus de cinq mille personnes, guéri les malades et chassé les démons, il les nourrit tous, en multipliant cinq pains et deux poissons ; il y eut même douze paniers de restes(11). A trois reprises au moins, Jésus ressuscita des personnes d'entre les morts. La première fois, il ramena à la vie le fils unique d'une veuve ; la seconde fois, ce fut la fille d'un important chef juif ; la troisième résurrection, ce fut celle de Lazare, un homme bien connu de Béthanie. Le Coran lui-même rend témoignage à son pouvoir de guérison dans la Sourate du Plateau Servi, de l'an 10 post-hégérique : "Et tu (Jésus) guérissais par Ma permission, l'aveugle-né et le lépreux ! Et quand, par Ma permission tu faisais sortir les morts !" (V, 110). A la lumière de ce que l'Evangile nous raconte, Jésus a opéré environ mille miracles qui ont été témoignés par 7000 personnes différentes. En plus, à peu près 40 000 autres gens, les amis ou membres des familles de ceux qui ont été guéris, peuvent apporter leur appui à ces innombrables miracles. II est important d'en savoir un peu plus sur ce grand nombre de personnes qui furent les témoins du pouvoir de Jésus, afin de mieux comprendre la suite des événements. Dix jours après que Jésus fût remonté au ciel, lors de la fête juive de la Pentecôte, les disciples de Jésus commencèrent à prêcher l'évangile oral ; en ce seul jour, 3000 personnes crurent. Le Livre des Actes rapporte : "Lorsque le jour de la Pentecôte arriva, ils (les apôtres) étaient tous ensemble dans le même lieu. ... Alors Pierre, debout avec les onze, éleva la voix et s'exprima en ces termes : ... Israélites, écoutez ces paroles ! Jésus de Nazareth, cet homme approuvé de Dieu devant vous par les miracles, les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui AU MILIEU DE VOUS, COMME VOUS LE SAVEZ VOUS-MEMES ; cet homme, livré selon le dessein arrêté de Dieu et selon la prescience de Dieu, VOUS l'avez fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies. Dieu l'a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu'il n'était pas possible qu'il soit retenu par elle" (Actes 2.1, 14a, 22-24). Il est évident d'après cette citation et d'après tout le chapitre, que Pierre était sûr de la connaissance qu'avait son auditoire de la vie et des miracles de Jésus ; il était également assuré que personne parmi ceux qui l'écoutaient ne nierait ses affirmations. Car lorsqu'il termina son discours, le public réagit de manière extraordinaire et demanda de qu'il fallait faire désormais. Pierre répondit : " Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit." ... Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et en ce jour-là, furent ajoutées environ trois mille âmes" (Actes 2.38, 41). C'est la première proclamation publique de la doctrine de l'Evangile. Elle eut lieu dix jours après l'Ascension de Jésus, vers l'an 30 de notre ère, et environ 3000 personnes acceptèrent Christ comme Sauveur personnel, en ce jour-là. Pourquoi suis-je entré dans tous ces détails ? Parce que les musulmans pourraient prétendre que c'est pendant cette période que les chrétiens ont altéré l'Evangile. C'est pourquoi nous adopterons face à l'Evangile la même attitude que face au Coran et poserons les questions dans les mêmes termes. Comment, nous autres chrétiens, savons-nous que l'Evangile a été transmis fidèlement alors qu'il n'y avait que 120 croyants affermis ? Après tout il se pourrait que quelques feuilles de papyrus avec les notes prises par Matthieu se soient perdues au cours des pérégrinations à travers la Palestine ! Peut-être un animal a-t-il dévoré une page pendant qu'ils passaient la nuit dans quelque foyer accueillant ! COMMENT, NOUS CHRETIENS, SAVONS-NOUS QU'IL N'Y A PAS EU D'ALTERATION DU TEXTE TRANSMIS ? Nous répondons, nous aussi, que les disciples de Jésus avaient retenu ses paroles. Il est vrai que Jésus n'a jamais ordonné directement et explicitement à ses disciples de mémoriser l'Evangile. Nous avons cependant deux bonnes raisons de penser que les disciples l'apprirent par coeur. D'abord parce que les Juifs avaient (et ont toujours) la ferme habitude d'apprendre leurs Ecritures par coeur. Il était assez coutumier et normal pour un étudiant d'apprendre par coeur l'enseignement du maître. La Mishna, recueil de traditions du Judaïsme, déclare : "Un bon élève est semblable à une citerne bien enduite qui ne perd pas une goutte d'eau" (Traité Aboth, ii, 8). Ensuite cette pratique est implicitement incluse dans ces paroles de Jésus : "Pourquoi m'appelez-vous : Seigneur ! Seigneur ! et ne faites-vous pas ce que je dis ? Tout homme qui vient à moi, entend mes paroles et les met en pratique, je vous montrerai à qui il ressemble. Il est semblable à un homme qui bâtit une maison. Il a creusé profondément et posé le fondement sur le roc. Une inondation est venue, et le torrent s'est rué contre cette maison, sans être capable de l'ébranler parce qu'elle était bien bâtie. Mais celui qui entend et ne met pas en pratique est semblable à un homme qui a bâti une maison sur la terre sans fondement. Le torrent s'est rué contre elle : aussitôt elle s'est écroulée, et la ruine de cette maison a été grande." (Luc 60.46-49) Si vous aviez été un disciple et si vous aviez entendu ces paroles, vous vous seriez évidemment efforcé de retenir les paroles de Jésus afin de pouvoir les mettre en pratique et éviter la "destruction". Enfin, nous dirions, nous aussi, que les disciples étaient présents quand Jésus transmit ses enseignements ; Jésus était encore avec eux et aurait au cours des quatre années passées avec eux, corrigé toute transmission erronée de ses paroles. Mais cela non plus, nous ne pouvons le prouver. Nous ne possédons pas le manuscrit autographe des oracles de Matthieu, ni l'enregistrement du premier discours de Pierre. NOUS CROYONS CES CHOSES. C'est UN POSTULAT DE BASE. De l'Ascension de Jésus au premier manuscrit écrit Au cours des mois qui suivirent le discours de Pierre, le nombre des croyants ne cessa d'augmenter. A la suite d'un miracle opéré par Pierre et Jean au nom de Jésus, Luc écrit : "Beaucoup de ceux qui avaient entendu la parole crurent, et le nombre des hommes s'éleva à environ cinq mille" (Actes 4.4). Les apôtres furent arrêtés et menacés par les autorités juives, mais "chaque jour, au temple et dans les maisons, ils ne cessaient d'enseigner et d'annoncer la bonne nouvelle du Christ Jésus" (Actes 5.42). Il en résulta que "le nombre de disciples se multipliait beaucoup à Jérusalem, et une grande foule de sacrificateurs obéissait à la foi" (Actes 6.7). L'expansion du christianisme hors de Palestine Le jour où Pierre prêcha pour la première fois la doctrine de l'Evangile lors de la Pentecôte, il y avait dans l'auditoire qui l'écoutait des Juifs de différents pays. Luc les décrit ainsi : "Or il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs pieux venus de toutes les nations qui sont sous le ciel : ... Parthes, Mèdes, Elamites (régions de l'actuel Iran), ceux qui habitent la Mésopotamie (Iraq actuel), la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l'Egypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Crétois et Arabes..." (Actes 2.5, 9-11). Plusieurs d'entre eux crurent en entendant la prédication de Pierre et le témoignage des autres disciples. Ils retournèrent chez eux en Iran, en Iraq, en Arabie et à Rome. Partout ils transmirent le message de l'Evangile dans la langue maternelle de leurs compatriotes. Puis la persécution sévit contre les chrétiens de Palestine. Certains chrétiens furent mis à mort. D'autres se dispersèrent en Judée et au Nord, en Samarie. "Ceux qui avaient été dispersés allaient de lieu en lieu, en annonçant la bonne nouvelle de la parole". Philippe prêcha l'évangile à un Ethiopien qui, à son tour le répandit en Ethiopie (Actes 8). Saul, qui devait devenir l'apôtre Paul, se mit à persécuter les chrétiens. Dans l'accomplissement de sa funeste tâche, il dut se rendre à Damas en Syrie, parce que des croyants s'y trouvaient (Actes 9). D'autres chrétiens, dispersés par la persécution mentionnée précédemment, "allèrent jusqu'en Phénicie (Tyr et Sidon), à Chypre et à Antioche... Quelques hommes de Chypre et de Cyrène (Libye), partirent à Antioche en Syrie du Nord (actuelle Turquie méridionale)" (Actes 11.19-20). Ce même chapitre 11 des Actes mentionne une famine qui sévit sous l'empereur Claude dont le règne avait débuté en 41 de notre ère. Nous pouvons donc raisonnablement penser que l'Evangile avait déjà atteint toutes ces contrées pendant les 12 à 15 années de sa prédication. Au cours des années suivantes, la doctrine de la Bonne Nouvelle fut annoncée dans la Turquie et en Grèce. Des sources extra-bibliques affirment qu'il y avait , dès l'an 49, déjà des chrétiens à Rome. C'est à ce moment que l'empereur Claude déclencha une persécution contre les Juifs et contre les chrétiens, comme le rapporte l'historien romain Suétone, en l'an 120 : "Comme les Juifs provoquaient constamment des troubles à l'instigation de Chrestus (peut-être une autre forme du nom de Christ), il (Claude) les chassa de Rome."(12) Luc confirme cette décision impériale dans Actes 18.1-2 : "Après cela Paul s'éloigna d'Athènes et se rendit à Corinthe. Il y trouva un Juif du nom d'Aquilas, originaire du Pont, récemment arrivé d'Italie avec sa femme Priscille, parce que Claude avait ordonné à tous les Juifs de s'éloigner de Rome." D'après ces deux témoignages, il semble évident que de nombreux Juifs de Rome étaient devenus chrétiens et que leur témoignage avait irrité d'autres Juifs, au point de susciter des troubles. Ainsi, dès l'an 49, c'est-à-dire 23 ans après le début de la prédication de l'évangile par Christ en personne, il existait des chrétiens dans tout l'est de la Méditerranée, et vers l'Ouest, au moins jusqu'à Rome. Ils se comptaient désormais par dizaines de milliers et peut-être même, par centaines de milliers. Un autre fait historique mentionné dans le Livre des Actes peut être daté avec une grande précision. Le texte déclare : "Paul demeura un an et six mois à enseigner parmi eux la parole de Dieu. Alors que Gallion était proconsul de l'Achaïe, les juifs se soulevèrent d'un commun accord contre Paul et le menèrent devant le tribunal" (Actes 18.11-12). Sur la base de ce texte, plusieurs savants du début de ce vingtième siècle avaient mis en doute la fiabilité et I'authenticité du récit de Luc. Ils affirmaient qu'il n'y avait aucune mention de Gallion à Corinthe, et que, de plus, le terme de "proconsul" n'était utilisé qu'en Gaule. Mais depuis que ces critiques ont été formulées, on a trouvé un fragment de pierre à Delphes, sur laquelle sont portés ces mots : "Comme Lucius Junius Gallio, mon ami, et Proconsul de l'Achaïe..." Cette inscription date de l'an 52. Par d'autre sources nous savons que Gallion prit ses fonctions le 1er juillet, et que son mandat de proconsul ne dura qu'un an. II est donc solidement établi qu'il existait bien une personne du nom de Gallion, que le titre de "proconsul" était aussi en usage hors de la Gaule, et que Paul avait séjourné à Corinthe au cours de l'année 52, Le récit de Luc est absolument authentique. Vers l'an 55, alors qu'il était à Ephèse, Paul écrivit une lettre à l'église de Corinthe, que les chrétiens désignent sous le nom de 1 Corinthiens. Tous les savants bibliques sont unanimes sur la date de rédaction de cette lettre. Nous allons en examiner deux passages en détail : "Paul appelé à être apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu... à l'Eglise de Dieu qui est à Corinthe... Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ !... Dieu est fidèle, lui qui nous a appelés à la communion de son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur."1 Corinthiens 1.1, 2a, 3, 9. "Je vous rappelle, frères, l'Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous demeurez fermes, et par lequel aussi vous êtes sauvés... Je vous ai transmis, avant tout, ce que j'avais aussi reçu : Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures, il a été vu par Céphas puis par les douze. Ensuite il a été vu par plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont encore vivants et dont quelques-uns sont décédés. Ensuite, il a été vu par Jacques puis par tous les apôtres. Après eux tous, il s'est fait voir à moi comme à l'avorton..." 1 Corinthiens 15.1-8. Vous avez remarqué que certains mots sont imprimés en caractères gras. A la lecture de ce texte, nous constatons ceci : Paul croyait à la doctrine A selon laquelle Jésus est mort pour nos péchés et qu'il est ressuscité d'entre les morts le troisième jour. Il croyait aussi à la doctrine B selon laquelle Jésus est le Fils de Dieu. II leur prêcha cette doctrine de l'Evangile, oralement lorsqu'il était auprès d'eux, en 52, afin qu'ils obtiennent le salut. Il répète ces mêmes vérités dans la lettre qu'il leur écrit en 55. Bien que Matthieu ait probablement consigné ses "oracles" par écrit du vivant de Jésus et que Luc ait déclaré : "Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous..."(13), cette lettre aux Corinthiens constitue la première portion du Nouveau Testament qu'il soit possible de dater avec précision. Nous pouvons donc affirmer avec assurance qu'en écrivant les deux textes ci-dessus, la doctrine de l'Evangile qui avait, jusque là, été transmise de manière orale pendant 25 ans, devint l'Evangile écrit, qui a été transmis, depuis lors et jusqu'à nos jours sans aucune altération. La photographie n° 1 présente un morceau du manuscrit p46, conservé à la Bibliothèque Chester Beatty à Dublin, en Irlande. Ce texte de 1 Corinthiens 14.34b à 15.15a date des années 200 de notre ère. Nos plus récentes traductions sont basées sur ce texte. Mais revenons à notre question initiale : Comment savons-nous que l'Evangile est resté identique à lui-même durant toutes les années où sa transmission s'effectuait principalement de manière orale ? Quelqu'un n'aurait-il pas pu oublier un détail ? Ne se pourrait-il pas que Jésus n'ait pas ressuscité Lazare d'entre les morts ou qu'il n'ait pas affirmé : "Je suis la résurrection et la vie" ? Ne se pourrait-il pas qu'il ne soit pas remonté au ciel ? COMMENT SAVONS-NOUS QUE L'EVANGILE N'A PAS ETE MODIFIE PENDANT TOUTE CETTE PERIODE ? (Photo 1 omis - Voir Livre) Nous répondrons : aucune modification significative ne pouvait intervenir au cours des 25 années qui suivirent l'Ascension de Jésus. Les disciples avaient retenu par coeur les paroles de Jésus. Si l'un d'entre eux avait oublié quelque chose, les autres étaient là pour le lui rappeler. De plus, Jean, Pierre, Jacques, Paul et d'autres parmi les douze disciples particuliers étaient encore vivants pour contrôler la véracité des paroles transmises ; des milliers d'autres disciples qui avaient vu les miracles étaient encore vivants. Il est impossible que quelqu'un ait pu changer une partie importante de l'Evangile, qui était connu, dès l'an 55, de Rome à l'Ouest, jusqu'en Syrie et en Iraq à l'Est, et de la Turquie au nord, jusqu'en Libye, au Sud. NOUS CROYONS que la lettre de Paul aux Corinthiens est tout
à fait sûre et valable, bien que nous ne possédions pas
"entre nos mains" la lettre originale. NOUS CROYONS que
l'histoire rapportée par Luc dans le livre des Actes est une
histoire fiable parce que l'auteur fut guidé par le Saint-Esprit
de Dieu lorsqu'il écrivait. De plus, ses dires sont confirmés
par les historiens romains, et par les documents et inscriptions
archéologiques que nous pouvons examiner nous-mêmes
aujourd'hui.
1. The Koran, trad. J.M. Rodwell, Everyman's Librairy, 1978, p. 338, note 1 [retourner au texte] 2. Yusuf Ali, op. cit, p. 125, note 352 sur la Sourate 3. 13 [retourner au texte] 3. Hamidullah. op. cit.. Introduction, P. XIII [retourner au texte] 4. Mishkat al Masabih, p. 185. Voir aussi Al Suyuti, Tarikh alKhulafa, Muhammadi Press, Lahore, 1304 AH, p. 51. [retourner au texte] 5. Hamidullah, op. cit, p. XXIX et XXX [retourner au texte] 6. Hamidullah. op.cit., p. XXX [retourner au texte] 7. Notre calendrier, qui est sensé compter les années à partir de la naissance de Christ, n'a été adopté que vers l'an 550. Nous savons aujourd'hui qu'une erreur de quatre années s'est glissée dans les calculs rétrospectifs. [retourner au texte] 8. Luc 6.13. [retourner au texte] 9. Papias est né entre 50 et 60, à une époque où vivaient encore plusieurs de ceux qui avaient vu et entendu Jésus. II devint évêque dans ce qui est la Turquie actuelle et a écrit un ouvrage intitulé Interprétations des paroles du Seigneur, probablement entre 120 et 130. Irénée fait des citations de cet ouvrage en 180 et déclare que "Papias était un disciple de Jean l'apôtre et un compagnon de Polycarpe" qui subit le martyre en 155 à cause de sa foi. Cette tradition ou Hadith chrétien est rapporté par Eusèbe dans son Histoire Ecclésiastique V 33, 4 en même temps que le Isnad précité. [retourner au texte] 10. Seuls onze noms sont cités. Judas Iscariot s'était pendu de remords pour avoir trahi Jésus. [retourner au texte] 11. Jean 6.1-40. [retourner au texte] 12. La vie de Claude 25,4 [retourner au texte] 13. Luc 1.1. [retourner au texte] |